Les opposants jubilent. Les membres de l’Andra n’y voient rien de défavorable. Tout juste une distorsion de lectures de données qu’ils confronteront ce matin avec les auteurs du rapport de l’IEER (Institute for energy and environmental research) sur le laboratoire de Bure.

Lundi soir, le docteur Arjun Makhijani, directeur du projet pour l’IEER, a présenté au CLIS, réuni en séance plénière à Saint-Dizier, son « examen critique du programme de l’Andra et sur la zone de transposition pour définir la Zira ».

Le docteur Arjun Makhajani a effectué une présentation technique tout en vulgarisant ses commentaires pour permettre au plus grand nombre de suivre. Dans l’auditoire attentif, des élus de tous bords et des deux régions Lorraine et Champagne-Ardenne, des opposants au laboratoire, des curieux et une délégation de l’Andra. Le rapport ne tire pas à boulet rouge sur l‘Andra, considérée « à l’avant-garde en ce qui concerne la recherche en laboratoire souterrain ». Plusieurs fois, selon les thèmes analysés par l’équipe de IEER, la qualité du travail et des moyens utilisés par l’entreprise sont mis en avant. C’est sur l’analyse des résultats et des données qu’il y a divergence.

Les scientifiques internationaux estiment que l’Andra a « une vision trop optimiste des performances ». Avec les difficultés d’accès à la documentation, l’optimisme du laboratoire revient régulièrement dans la bouche de Arjun Makhijani, Gerhard Jentzsch et Eléna Kalinina à propos des données sismiques, de la chaleur et surtout de la qualité de la roche non homogène, ses risques de fissures naturelles et celles consécutives aux travaux notamment autour des alvéoles de stockage dont l’intégrité à long terme est discutée. Enjeux ? La capillarité et la dispersion de l’atome dans la nature et surtout dans l’eau.

Les désavantages de la réversibilité

L’équipe de scientifiques a notamment émis des « inquiétudes sur la qualité des scellements d’alvéoles à long terme, un point sur lequel nous ne sommes pas d’accord avec l’Andra », reconnaît Arjun Makhijani qui recommande un suivi des travaux par une équipe indépendante en permanence.

Ils ont jeté deux pavés dans la marre. D’une part en réclamant que l’Andra travaille aussi sur le terrifiant Mox, plutonium des supergénérateurs, usé mais pas retraité, et son stockage. Cela met en lumière les aspects thermiques du dossier. « Nous sommes conscients qu’aujourd’hui, ce genre de scénario n’est pas requis mais l’Andra doit en tenir compte pour le dimensionnement. Il y a 100 milliards de dollars investis dans les supergénérateurs. On n’est pas sûr de pouvoir toujours retraiter le combustible », annonce le directeur de l’enquête.

Et d’autre part sur la réversibilité qui, selon eux, a des avantages et des désavantages. « On estime que la question se pose car plus on laisse ouvert et plus il y a de risques pour la zone excavée. Les performances sont altérées », souligne Arjun Makhijani.

En conclusion, le responsable de l’enquête soulignait : « Il reste pas mal de questions sans réponse ». Seuls le temps et la science permettront d’avancer.

Sébastien GEORGES