2018 - QUEL IMPACT RADIOLOGIQUE POUR CIGEO ?
Quelles données sont-elles prises en compte pour quantifier les rejets d’un projet évolutif lors de son exploitation sur plus d’un siècle, construit sur autant d’incertitudes ?
Signer un chèque en blanc aux acteurs du projet Cigéo qui, sur ce point crucial de l’impact radiologique, laissent une telle place à l’incertitude et aux moyennes peu crédibles, serait d’une imprudence folle.
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EXTRAIT :
« La radioactivité, c’est une affaire de seuils. Il est généralement admis qu’un échantillon de matière radioactive n’est plus dangereux lorsque la proportion d’éléments radioactifs qui le composent descend en dessous d’une certaine limite.
Toute la réglementation est basée sur cette idée. Pour l’enfouissement, on s’intéresse à la dosed e radionucléides qui atteignent la surface. Pour calculer cette dose, il fau tétudier la migration des radionucléides depuis le stockage jusqu’à la surface sur des temps extrêmement longs.Tout l’enjeu consiste à montrer que le temps de la migration des éléments radioactifs du stockage jusqu’à la sur-face est plus long que la durée nécessaire pour que leur radioactivité diminue en-dessous d’un certain seuil.
Cependant, fonder l’étude de la sûreté d’un stockage sur le calcul de cette dose de radionucléides qui atteignent la surface pose problème à plusieurs égards. D’une part, l’établissement d’un seuil en dessous duquel l’impact du stockage est acceptable peut être critiqué. Un ensemble de travaux ont ainsi montré depuis longtemps que l’exposition à de très faibles doses de radioactivité peut avoir des conséquences importantes. Faute de mieux, l’ensemble des règles de radioprotection repose néanmoins toujours sur la définition de seuils. D’autre part, les temporalités mises en jeu par l’existence des déchets nucléaires sont si longues (on parle de centaines de milliers d’années) qu’il est impossible de construire un modèle exhaustif permettant de prendre en compte l’ensemble des phénomènes qui influent sur l’évolution du stockage.
Quand il est question de sécurité pour une voiture, on peut faire des “crash- test” ou des prototypes mais dans le cas des déchets nucléaires, les temporalités mises en jeu rendent ces expérimentations impossibles à l’échelle d’un stockage. Pour cette dernière raison, l’Andra et ses évaluateurs se rendent compte au début des années 2000 qu’il ne sera pas possible de prouver scientifiquement que l’enfouissement est la bonne solution.
La science ne peut pas produire une prévision certaine de la manière dont évoluera un stockage lors des milliers d’années à venir. »
* Leny Patinaux, auteur de la thèse : "Enfouir des déchets nucléaires dans un monde conflictuel".