Non, travailler dans le nucléaire,
ce n’est pas l’avenir !
Communiqué COORDINATION STOP CIGEO - 09 février 2024
Mardi 6 février 2024, EDF et l’Andra ont participé à une journée d’information et de recrutement organisée pour les besoins de la filière nucléaire. 500 collégien-nes et 100 demandeurs-euses d’emploi étaient attendus. La Coordination Stop Cigéo dénonce une nouvelle scandaleuse opération de communication qui surfe sur un vaste mensonge : non, travailler dans le nucléaire n’est pas sans danger et n’a rien d’un métier d’avenir.
Les métiers du nucléaire exposent à des risques
Ce n’est probablement pas ce qui a été entendu par les collégien-nes et lycéen-nes hier. La communication de l’Andra dédiée aux scolaires est bien rodée, bien huilée. Le centre de Meuse/Haute-Marne accueille (et finance !) tout au long de l’année des bus scolaires, invités à ses expositions et résidences, qui parfois n’ont rien à avoir avec le nucléaire, ou qui banalisent les effets des rayonnements (la petite rengaine : "de la radioactivité, il y en a partout, même à l’état naturel !"). Les élèves sont biberonnés à l’Andra dès leur plus jeune âge. Cette journée dite "d’information" s’inscrit pleinement dans une bien dangereuse campagne de communication.
Un envers du décor bien moins idyllique que la propagande EDF l’assure
Mais l’Andra n’aura certainement pas évoqué l’envers du décor au coeur de la filière : si le nucléaire est dangereux pour toutes et tous, ce sont bien les travailleur-euses de la filière qui sont les plus exposé-es au risque. En particulier, 20 000 salarié-es précaires “intérimaires” assurent les tâches les plus exposées aux rayonnements : ils et elles reçoivent 80 % de l’exposition collective aux rayonnements ionisants (contre 20% pour les agents EDF). Les effets de la radioactivité des sous-traitant-es du nucléaire ne sont pas pris en compte dans les études épidémiologiques. L’impact non étudié sur leur santé (alors qu’il n’existe pas de seuil d’innocuité pour la radioactivité) s’ajoute à des conditions de travail extrêmement précaires : bien peu formé-es, mal payé-es, beaucoup enchaînent les contrats de centrales en sites nucléaires. Est-ce que cette réalité, très largement dénoncée au-delà des milieux antinucléaires, a été décrite à nos jeunes et aux demandeurs-euses d’emploi ? Les exploitants nucléaires s’accommodent très bien de l’invisibilisation de ce coût humain exposé aux risques radiogiques-induits particulièrement redoutables (cancérogène, mutagène, toxique...).
Les compétences et les ressources sont une réelle problématique pour la relance du nucléaire, le recrutement doit se faire dans un temps record. Mais nous avons bien d’autres perspectives de création d’emplois que de constituer de la "chair à canon" pour les besoins d’une filière en perte de vitesse depuis plusieurs décennies. Des opposant-es au projet Cigéo étaient présent-es pour distribuer ce tract* et nous réitérerons l’opération à l’avenir autant que nécessaire.
Le nucléaire... aux oubliettes ?
Ne nous faisons pas berner par ce miroir aux alouettes : il ne suffit pas que Macron ait décidé en 2022 à Belfort de construire de nouveaux réacteurs de type EPR ou SMR et que l’industrie nucléaire mette en place une campagne de recrutement massif pour qu’un jour ces réacteurs sortent de terre. Si l’on s’éloigne un peu des effets d’annonce, l’industrie nucléaire est toujours dans la même impasse et reste très éloignée des enjeux d’aujourd’hui, y compris du réchauffement climatique. Infrastructures lourdes et complexes à construire et à entretenir, industrie propice à des dérives de coût et de délai de construction vertigineux, production exponentielle de déchets dangereux radioactifs pour des millénaires... Se lancer dans ce chantier monstrueux n’a absolument rien de nécessaire ni de désirable à l’heure où la transition écologique, la vraie - la sobre - devrait entrer impérativement dans toutes les décisions.
EDF et l’Andra annoncent 100 000 emplois dans les dix ans à venir, là où l’Ademe prévoit un million d’emploi dans les métiers de la transition écologique. Sans rentrer dans une bataille des chiffres, plutôt que d’engager nos forces dans le sauvetage de cette énergie véritablement dangereuse et mortifère, nous devrions orienter toutes nos ressources vers la production d’énergies renouvelables, et locale, vers la rénovation et l’isolation massive des logements, vers l’agriculture écologique ou vers les transports et la mobilité responsables ; un atout fort de ces emplois étant qu’ils ne sont partout (donc aussi en Meuse et en Haute-Marne) et pas délocalisables !
Et surtout, la crise économique et écologique que nous traversons ne saurait trouver des réponses dans une course inconsidérée à la production d’énergie, pilier d’un système capitaliste destructeur : c’est bien l’adaptation de notre système économique à la lutte contre le dérèglement climatique qui sera créatrice d’emplois.