L’histoire du Centre de stockage de déchets nucléaires de la Manche (CSM) reste floue et le témoignage de techniciens qui y ont travaillé va être officiellement collecté afin de mieux l’éclairer, a-t-on appris vendredi lors d’une réunion publique.

Premier centre de stockage de déchets nucléaires construit en France, le CSM, basé à Digulleville (Manche), près de Beaumont-Hague, a collecté 930.000 tonnes de déchets nucléaires, dont 100 kg de plutonium et 24.000 tonnes de plomb, entre son ouverture en 1969 et sa fermeture en 1994.

Mais les modalités d’enfouissement de certains déchets, parfois hautement toxiques et à vie très longue, sont aujourd’hui jugées insatisfaisantes et demeurent mal connues, ce qui a décidé la Commission locale d’information (CLI) du CSM à annoncer vendredi la création d’un groupe de travail qui entendra plusieurs techniciens à la retraite du site.

Un certain nombre d’informations méritent d’être consignées de manière écrite, a relevé lors d’une réunion à Beaumont-Hague, Eric Zelnio, observateur de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) au sein de la CLI. Les témoignages seront recueillis à huis clos et un compte-rendu sera ensuite publié.

La CLI, qui regroupe élus locaux, scientifiques et associations antinucléaires, souhaite notamment recouper les informations d’un ancien ingénieur sécurité du CSM, Christian Kernaonet, qui dénonce depuis des années la façon dont certains déchets ont été stockés.

M. Kernaonet estime qu’il faut procéder à un nouveau stockage de certains déchets qui, selon lui, vont contaminer la nappe phréatique lorsque le métal des fûts dans lesquels ils sont contenus se sera érodé.

L’ASN a toutefois estimé vendredi que la couche de bitume qui recouvre le CSM est le moyen le plus efficace pour bloquer les entrées d’eau et éviter des écoulements de matières contaminées dans la nappe phréatique. Le gendarme du nucléaire a aussi rappelé qu’il existait un système de détection des pollutions.

En 1996, la commission Turpin, créée par le gouvernement, avait estimé que la reprise de ces déchets présentait trop de risques pour les ouvriers qui seraient amenés à le faire ainsi que pour l’environnement, a rappelé vendredi le président de la CLI, le conseiller général DVD Michel Laurent.